La vieille

La vieille et autres faits divers, d'après Daniil Harms
En coproduction avec le Collectif des Esprits Solubles

Mise en scène : Pierre-Marie BAUDOIN
Interprétation : Eric VERINE
Musique originale (Violoncelle) : Aëla GOURVENEC
Scénographie: Stéphane HIRLEMANN
Lumière : Guillaume NOEL



Harms fut peu connu de son vivant, l'essentiel de son œuvre étant publiée clandestinement. Il fut accusé d'activités anti-soviétiques et dû passer un an en prison à Koursk. Accusé d'être défaitiste, il fut arrêté à nouveau pendant le siège de Leningrad en 1941 et mourut en prison en 1942.

C’est en 1929 qu’il écrit la vieille :

Un écrivain, seul dans son appartement, ne trouve pas l’inspiration. Il peine à écrire l’histoire d’un thaumaturge (enchanteur) qui n’accomplit aucun miracle. Il a beau lutter et chercher, il ne peut qu’écrire : « le thaumaturge était de grande taille » et puis plus rien ne sort.

Sur ce, une vieille dame croisée précédemment dans la cour de son immeuble, frappe à sa porte, entre et vient mourir dans le fauteuil de son salon.

Ce pauvre écrivain-narrateur propulsé malgré lui dans cette mésaventure va plutôt nous raconter cette histoire : comment peut-on se débarrasser d’une vieille dame morte et inconnue ?

L’histoire s’écrit en même temps qu’elle nous est racontée. On assiste donc à la folle course de cet individu qui cherche à s’en sortir. Il cherche l’appui des ses amis, tente d’user de malice, mais rien n’y fait : la « vieille » est coriace et même morte, elle ne se laisse pas faire.

On bascule avec lui dans son imaginaire, dans cette narration, dans son écriture absurde où cette vieille dame prend toute la place. L’auteur est broyé par la réalité pesante qui l’entoure, il est résolument seul et vit dans l’angoisse. Il ne parvient pas à échapper à cette situation grotesque, ne peut plus recevoir quiconque chez lui et vit dans la crainte de la culpabilité.

Il est soumis à l’épreuve de la dispersion et du stress métaphysique qui l’accompagne. Jeté dans un monde où règne un tel arbitraire que tout peut arriver, un monde qu’il ne comprend pas, insomniaque, empêtré dans les objets et impuissant face à une réalité qui ne cherche qu’à le détruire, son seul espoir c’est qu’il se produise un miracle, un dénouement heureux pour son histoire, où la vieille disparaîtrait.

Il utilise pour cela une écriture désordonnée où toute logique est exclue et où l’urgence de la situation fait naître des quiproquos, des personnages hallucinés, et des saynètes burlesques. Et c’est dans cet univers grinçant que le narrateur nous touche car il apparaît humain, et nous ressemble.

Mais dans cette fuite, la Mort reste réelle et il semble difficile, voire impossible, d’en réchapper…

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